Mercredi 29/03 - Nouméa - Sydney - Bangkok

 

Mon avion décolle enfin de Nouméa. Mon vol prévu la veille entre Nouméa et Sydney a été annulé pour cause de grève Aircalin anti CPE. On aura tout vu, se retrouver à 16 000 km de Paris pour prendre cette farce sur la tronche. Ce contre temps n'aura pas été négatif car cela m'a laissé le temps de visiter le centre culturel JM Tjibaou (superbe endroit et magnifique architecture)  à Nouméa et de roder dans la ville. J'ai vendu ma tente (achetée à mon arrivée en Nouvelle Zélande) à une Française rencontrée à l'auberge de jeunesse. Je m'en suis servi que 5 fois. 3h de vol plus tard, me voici de retour à Sydney où je dois refranchir la douane, déambuler 3 heures dans l'aéroport avant de reprendre, en fin d'après midi, un autre vol Qantas en direction de Bangkok, Asie du sud Est. J'en profite pour passer un coup de tel à Bangkok avec mes dernières unités de ma carte Australienne pour réserver une chambre d'hôtel proche de l'aéroport car mon séjour y sera court. Difficile de se comprendre avec la nana de l'hôtel mais bon, j'ai cru comprendre qu'ils passeront me prendre à mon arrivée la bas vers minuit. L'avion décolle a 18h précise et je m'envole donc pour mon troisième continent. Un épisode s'achève, un autre, très diffèrent à mon avis, va commencer dans quelques heures. Le vol dure plus longtemps que je croyais, 10h, 12h, je ne sais plus en fait. J'arrive vers minuit à l'aéroport de Bangkok ou m'attend la nana de l'hôtel qui m'y conduit en compagnie d'un couple de Francais (Employés d'Air France et débarqués ici en attente de places libres pour Paris). Je me retrouve dans une suite énorme pour la non modique somme de 40 euros. En fait je me rends compte que c'est peut être le plus cher que j'ai payé pour un hôtel depuis mon départ il y a 6 mois.

 

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Jeudi 30/03 - Bangkok - Kathamandu (Népal)

 

6h de sommeil plus tard, je prends un super petit déjeuner et on me reconduit à l'aéroport ou je dois prendre mon vol pour Kathmandu au Népal. Je n'aurais vu de Bangkok que quelques bridés roulant sur les autoroutes périphériques de cette métropole. 3h plus tard, je débarque à Kathmandu ou les choses se corsent. Primo, j'arrive sans Visa alors que tous les autres touristes Français qui se respectent, habillés en Queshua, débarquent avec le Visa, les dollars (hi hi !), la banane anti-vol, etc...Heureusement qu'il est possible d'acheter le Visa à mon arrivée. Le problème est qu'il faut payer 30 dollars et que je n'ai AUCUN liquide (sic..les dollars) sur moi, seulement quelques baths Thailandaises changées à Sydney. Je n'ai pas non plus de photo d'identité. Je parle avec un Népalais qui est en charge du contrôle des papiers des gens avant le passage en Douane. Il me conduit en dehors de l'aérogare pour retirer de l'argent à l'ATM. Je passe les contrôles, passe devant un militaire en uniforme et lunette noir assis sur une chaise et me retrouve, après avoir forcé un barrage d'une cinquantaine de Népalais à l'affût du touriste, devant l'ATM, en panne ! Donc retour au point de départ en repassant devant le militaire aux lunettes noires toujours dans la même position. Un type me demande de passer mon sac dans le scanner à rayons X sur lequel il n'y a personne devant l'écran de contrôle. Faut pas chercher à comprendre, bonjour la sécurité. Le Népalais du guichet me dit que je peux prendre un Visa gratuit de 3 jours et le renouveler plus tard en ville, ce que je fais en imaginant déjà les emmerdes futures et le temps perdu. Ensuite je récupère mon sac sur un tas de valises de au moins 2 m de haut en plein milieu de la salle d'arrivée. Je sors enfin de ce foutoir pour me retrouver devant un autre, une foule de Népalais à l'assaut des touristes fraîchement débarqués de leur contrée. Change, hôtel, taxi, treks, ils proposent de tout. Dhan, le type de l'agence de trek avec qui je suis un contact sur Internet est venu me chercher et me conduit à mon hôtel située dans Thamel, le centre touristique de Kathmandu. Ici, pas de code de la route, j'ai d'ailleurs beaucoup de mal à savoir de quel coté de la route ils roulent. Le volant est à droite de la voiture, ils doivent rouler à gauche donc. Premières impressions, c'est sale, c'est pauvre, pollué, ça grouille de partout, ça klaxonne et ça crache à tout va. Et il parait que c'est dix fois pire en Inde ! Et bin...Changement total de contexte après l'asseptisation de l'Australie ou les gens attendent le feu vert pour traverser et ne pète pas sans déclaration préalable. Il faut dire que le Népal est un des dix pays les plus pauvres de notre planète. Premier challenge, trouver un endroit ou retirer du cash car il n'y a que 3 ATM en ville, surveillés par des militaires.  Le soir Dhan me présente mes compagnons de trek, 3 Alsaciens (Eric, Brigitte et Paulette). Puis la ville est une nouvelle fois plongée dans le noir suite à une panne électrique.

 

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Vendredi 31/03 - Népal - Kathmandu - Durbar square

 

Accompagné d'un Népalais, recrue du matin de Dhan, je passe aux services touristiques de la ville pour acheter mon vissa de 30 jours. Ensuite, je traverse une partie de la ville, des barrages de l'armée, la rue des bouchers ou le sang coule à flots dans les caniveaux pour rejoindre Durbar Square, la cours des miracles de Kathmandu. Avec ma tête de Népalais, je passe sans payer le contrôle de police. C'est un des quartiers de la ville qui regroupe tous des temples Bouddhistes et Hindouistes. Endroit unique et atmosphère hallucinante avec les sons de cloches, les odeurs, les prières, les singes fouillant les poubelles, les militaires. C'est un dépaysement total. On en prend plus plein la tète en une journée ici que en un mois en Australie. Je me fais accoster par deux Népalais qui me proposent leurs services de guide. Visite du quartier pendant 3 heures pour la somme de 15 euros, arnaque totale, unique et dernière. On va dire que c'était pour la bonne cause. A l'arrivée dans chaque pays, il faut compter 2 jours pur avoir une idée des prix pratiqués (très bas ici). Dans l'après midi je rentre sur Thamel en croisant bon nombre de situations pittoresques (Chauffeurs de Rickchaw faisant la sieste, chèvre dans un magasin, vaches sacrées dans les rues, vendeurs de tout et de rien, Sadhu aux longues barbes, etc...).

 

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Samedi 01/04 - Népal

 

Nous partons en bus pour Pokhara. 8h de trajet, 4 contrôles et 3 poses pour 200km, tout une aventure, pire qu'en Bolivie. Sur la route, nous croisons des dizaines de camions superbement, décorés avec des coquillages et poissons, étrange vu qu'ils n'ont pas la mer et ne l'ont jamais vu, le rêve quoi. Nous faisons la connaissance de Narha, Nebarach nos 2 porteurs et Amit notre guide. Nous arrivons vers 15h a Pokhara, ville très touristique et très paisible, point de départ de nombreux treks dans la chaîne des Annapurnas.

 

Dimanche 02/04 au Mercredi 12/04 - Népal - Trek camp de base Annapurna

 

Après avoir quitté la ville en taxi et passé de nombreux contrôles de militaires, nous partons pour 10 jours de Trek, 5 jours pour monter de 700m au camp de base de l'Annapurna (4200m) et 5 jours pour revenir par un autre chemin. Il n'y a aucune route, les villages sont ravitaillés par des porteurs émaciés en sandales portant des charges de plus de 70kg.  En général, les Népalais sont très gentils, accueillants et curieux, ils posent beaucoup de questions. Durant les 5 jours de montée, la bonne petite equipe marchera dans la boue, dans la neige, sur des ponts de fortune en ne croisant aucune route. Nous montrons et descendrons des milliers de marches d'escaliers en pierre de toutes les hauteurs. Nous croiserons des villageois plus ou moins accueillants, des populations de différentes ethnies (sherpas, lamas, etc...) des chiens des montagnes, des singes, des temples, des intouchables, des vaches sacrées, des expéditions. Nous dormirons dans des lodges souvent très crades ou les WC se résument à un trou et la douche à un robinet voir un saut d'eau chaude dans les endroits luxueux. Nous mangerons midi et soir du Dal-Bath (riz aux lentilles), le plat national. Ils mange ce plat midi et soir, 365 jours par an, d'ou leur chanson favorite "No Dal-Bath, No cry". Nous payerons la taxe révolutionnaire auprès des maoïstes sous peine d'enlèvement. Nous participerons à l'effort touristique pour la construction d'un nouveau pont et d'une école. Nous nous baignerons dans des hot springs. Au bout de 5 jours de marches nous arrivons au camp de base du Machhapuchhare, sublime montagne ressemblant a une pre molaire de 7200m de haut. Le patron du lodge est un marrant et imite les accents des touristes Français et indiens, "Montagnes difficult to climb", 'If you don't understand go to Pakistan". Le lendemain, par un temps splendide nous arrivons au camp de base de l'Annapurna ou nous sommes littéralement entourés de sommet de plus de 8000m dont l'Annapurna 1 ou Maurice Hertzog avait perdu ses 2 mains et 2 pieds en gardant le sourire après être arrivé au sommet du premier 8000m de l'histoire. Spectaculaire ! Pour avoir un ordre d'idée de la démesure, l'Himalaya compte 14 sommet de plus de 8000m, 100 de plus de 7000 et ceux de plus de 5000m ne se comptent plus. Notre Mont Blanc dans les Alpinettes fait 4807m. Les 4 derniers jours seront consacrés à la descente et au retour vers Pokhara.

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Mon genoux droit est proche de la rupture, de l'eau froide et une bonne chaussette feront l'affaire. Deux problèmes vont se présentés maintenant, notre guide boit du rhum Népalais à longueur de journée et change d'avis d'une minute à l'autre. Le pays est paralysé depuis 2 jours par des manifestations et par la guerre civile anti-Maoistes et anti-roi. Toutes les routes sont bloquées et un couvre-feu a été instauré le soir dans la capital et 22h sur 24 à Pokhara pour cause de présence du roi. Beaucoup de touristes parcourent les 40km de routes entre Pokhara et le début des treks, ou inversement,  à pieds. Le Mardi soir, 18h, nous arrivons à Naya Pul, fin du trek. La route est déserte, des gens manifestent et brulent des photos du roi, ils brûlent aussi les quelques voitures et taxis qui osent sortir. Nous verrons passer uniquement un 4x4 de la croix rouge à toute vitesse. Nous attendrons jusqu'à 21h avant de voir arriver en trombes deux vielles Toyota Celica, grilles en fer sur les fenêtres, ambiance à la Mad Max. 5000 Roupies (100 euros ! Une fortune pour le pays, 2 mois de salaire) ne suffiront même pas à nous faire parcourir les quelques 40km.

 

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Mercredi 12/04 - Fin du trek et couvre feu

 

C'est notre jour de chance ! Le guide nous réveille à 5h du matin pour nous dire qu'un mini bus nous attend devant l'hôtel. C'est soit disant un bus pour touristes mais bon, 30 dans un bus de 12 places, dont 5 sur le toit et 26 Népalais, c'est plutôt un bus de locaux...Après avoir embarqué, le conducteur annonce qu'il ne lui reste plus assez d'essence et part chercher un bidon au village. 1h après, 3 personnes, cigarette au bec se retrouvent, sous mes yeux en train de vider l'essence du bidon dans le réservoir à l'aide d'un vieux tuyau en plastique, un truc de fou ! Le conducteur va rouler à fond sur les 40 km (2h quand même !) et nous allons croiser des bus et taxis incendiés ainsi que des touristes en galère sur les routes.

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Nous arrivons à Pokhara vers 8h, la ville est déserte de voitures, il y a barrages dans toute la ville, pneus et voiture brûlées, regards inquiétants. Juste le temps de faire un tour dans le quartier touristique (et épargné par les émeutes car touristique justement) du lac avant le couvre feu qui dure de 10h a 18h. Je tente une sortie en ville l'après midi et croise quelques touristes, des dizaine de véhicules militaires et une vache sacrée égarés devant des magasins fermés. Le soir, un japonais qui est en méditation depuis 7 mois dans sa chambre de notre lodge et sans doute sous l'effet du manque de drogue du aux grèves pète les plombs et lance des bouteilles en verre partout et agresse les clients avec un bâton. Il faudra une heure au patron pour le calmer.

 

Vendredi 14/04 - Kathmandu - Patan

 

Le roi doit parler au peuple ce soir. Compte tenu de la guerre civile qui règne dans le pays ce sera soit une trêve soit un "guerre totale" comme disent les Népalais. Le roi ! Pour donner un ordre d'idée du personnage, on l'accuse d'avoir tué son précédent roi de frère et 10 membre de sa famille pour accéder au pouvoir il y  3 ans, j'ai un peu peur. Il parait aussi que lorsqu'il sort en boite dans Thamel il aime bien tirer à balles réelles sur des gens pour s'amuser.

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J'ai passé la journée en compagnie des 3 Français du trek à roder dans Patan, ville historique à 13 km de Kathmandu. C'est une autre cours des miracles de la vallée de Kathmandu: Mendiants, gamins des rues, prêtres tibétains, soit disant déesses, touristes, motos, rickchaw, militaires, chiens errants, vaches sacrées, chèvres, coqs. Tout ce petit monde se côtoient pour le meilleurs et pour le pire. Nous sommes assaillit par une horde de gamins réclamant des "Chocolate" ou adultes vendant des Kamasutra ou couteaux Népalais pour la modique somme de "1000 balles" comme ils disent, 150 euros. Le truc en vaut 10 fois moins.

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Samedi 15/05 - Kathmandu

 

Je devais aller à Baktapur ce matin mais il y a une nouvelle paralysie générale du pays. Tous les magasins sont fermés, aucune voiture dans les rues, aucune taxi, uniquement des RickChaw, des 4x4 de la croix rouge, des rassemblement de gens à chaque coin de rue et des bus sur lesquels sont placardés des banderoles en tissu avec l'inscription "TOURIST ONLY". Un RickChaw se propose de me conduire la bas alors que tous les autres refusent. Il y a quand même 15km et le type est vieux, j'ai trop peur d'avoir un mort sur la conscience. Je refuse. Un mini van de l'armée stoppe à 30m de moi, 5 militaires cagoulés en sortent et tabassent un Népalais qui traînait par la avant de l'embarquer. Une fois le mini van reparti, un groupe de reforme et les protestations fusent à nouveau. Un type d'une agence me propose de me conduire la bas le lendemain en compagnie d'un guide pour 20$, j'accepte. Les 2 autres Francaises sont parties rendre visite à notre guide Amit, en périphérie de la ville. Il vit, comme la majorité des Népalais dans des conditions sordides. Il habite dans une pièce d'une grance maison avec sa femme et ses deux enfants. Il n'y a ni cuisine, ni WC, ni salle de bain. Il faut se laver et aller aux WC dehors après avoir remonté un saut d'eau des 15m de fond du puits. Leur pièce ne ferme pas, juste un drap en guise de rideau, aucune intimité, jamais. Il y a juste un réchaud dans un coin pour faire cuire le riz du Dal Bath que toute la famille mange avec les mains dans un grand plat au milieu de la pièce. C'était assez choquant la première fois de voir les gens manger avec les mains pendant le trek mais on s'y fait vite. Sa femme et grosse, inculte et ne sait ni lire ni écrire. Elle passe ses journées avachit dans leur lit cassé. Ce n'est pas un mariage d'amour de toute façon mais un mariage arrangé. A se demander si ils connaissent l'amour ici. D'ailleurs, les coutumes sont plutôt bizarres au Népal, pas de démonstration d'affection entre homme et femme en public et inversement entre hommes, les amis se baladent mais dans la main et se tripotent, s'épouillent...Sa femme serait apparemment contente de le voir partir 2 ans à l'étranger pour ramener de l'argent. Il nous montre les photos quand il avait été en France 3 fois 3 mois invité de toute évidence par des anciens amis trekkeurs dans des villas du Lubéron avec piscine. Quel choc pour lui de vivre ici et d'avoir ces souvenirs. Il nous dit que son avenir n'est pas au Népal mais France, qu'il voudrait se marier avec une Française. A tout ça on ajoute l'absence totale de travail, de transports, de soins, un président dictateur fou, des émeutes, la saleté, la pollution et on a un ordre d'idée de se qu'endurent les gens ici. Malgré tous ces problèmes, la plupart ont su garder une joie de vivre intacte.

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Dimanche 16/05 - Bhaktapur

 

Le taxi passe nous prendre, Eric (français du trek) et moi à notre hôtel dans Thamel, direction Bhaktapur. C'est encore le blocus total en ville, rien ne circule et il y a des émeutes un peu partout. Parcours à hauts risques donc. Nous croisons un carosse à chevaux conduit par 4 militaires en uniforme. Bhaktapur est sans doute la ville la plus jolie de la vallée et regorge de temples, belles maisons, artisans, paysans. Nous faisons un tour dans un magasin, sorte de caverne d'Ali-baba ou s'entasse des tonnes de monstruosités, masques, bronzes, statues en pierre gigantesques, tableaux horribles, poteries, moches, imitations de couteaux Népalais mal faites. En fin de matinée, nous décidons de rentrer sur Thamel mais le chauffeur ne veut pas prendre la route avant 18h pour cause de manifestations. Après 1h de négociations nous allons réussir à former un mini convoi des peu de mini bus présents ici pour rentrer sur Kathmandu sans trop de problèmes. J'ai peur pour mon départ vers Bangkok demain matin...

 

 

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